Interview de Hugo Houyez, qui vient de réaliser les minimas sur 800m pour les championnats d’Europe
Depuis le début de la saison, on n’arrête plus Hugo Houyez. Le spécialiste du 800m, licencié à Villeneuve D’Ascq, vient tout simplement de battre 3 fois son record personnel sur le double tour de piste, lors de ses 3 sorties sur la distance. Avec en prime ce week-end, les minimas pour les championnats d’Europe de Munich, qui auront lieu en août prochain. À 26 ans, celui qui s’est classé 3ème des championnats de France Élites l’année dernière derrière Benjamin Robert et Gabriel Tual, apparaît plus fort que jamais.
TRC : Salut Hugo, pour commencer, comment on fait pour courir 3 800m cette saison, en réalisant un record à chaque fois ? Y a-t-il une recette ?
Hugo Houyez : C’est une grande première pour moi je pense (si on exclut ma première année) de battre mes records en enchaînant comme ça. Forcément j’essaie d’arriver le mieux préparé à chaque fois mais je pense aussi qu’il y a pas mal de choses qui ont bien tourné à mon avantage : je pense à la météo notamment. J’ai eu des conditions de dingues pratiquement à chaque fois, et c’est clair que ça m’a aidé.
TRC : Ce week-end au MNEL tu as donc réalisé les minimas pour les championnats d’Europe de Munich cet été, avec un chrono ultra solide de 1’45’’52 : est ce que tu t’y attendais ou est ce que cela dépasse tes espérances, sachant que tu venais déjà de battre 2 fois ton record perso ?
HH : J’espérasi réaliser les minimas ce week-end à Décines car après avoir remporté mes 2 courses précédentes, je me disais d’une part qu’avec des mecs devant ça pouvait encore descendre et d’autre part je n’étais pas non plus si loin que ça (4 dixièmes). Mais je ne m’attendais pas à courir 1’45″52, je visais 1’45″89.
Le MNEL c’est incroyable, je l’ai entendu plusieurs fois ce week-end mais ça devient vraiment le Oordegem Français. Tout le monde peut courir, il y a tous les niveaux et ça permet de venir avec des potes du groupe d’athlé.
TRC : Peux-tu nous raconter comment tu as abordé et ensuite vécu cette course ? (Le MNEL te réussit en tout cas puisque tu y avais déjà réalisé ton RP l’an passé)
HH : Le MNEL c’est incroyable, je l’ai entendu plusieurs fois ce week-end mais ça devient vraiment le Oordegem Français. Tout le monde peut courir, il y a tous les niveaux et ça permet de venir avec des potes du groupe d’athlé. Concernant la course, je me disais que si j’avais les mêmes jambes qu’à Troyes et Oordegem, ça le ferait avec l’adversité, en particulier sur la fin de course.
C’était ma première fois avec les Wavelight aussi, et je pense que ça aide énormément. Ça permet à la fois d’être serein dans les moments clefs (du 400 au 600 notamment j’étais relativement loin mais je n’ai pas paniqué car j’étais proche de la light) et sur la fin de course je ne voyais plus que la lumière que je collais, donc je sentais que c’était bon.
TRC : Tu as déjà été médaillé plusieurs fois aux championnats de France, et tu es actuellement le 3ème meilleur performeur français sur la distance. On se doute de la réponse mais… Quelles sont tes ambitions aux championnats de France Élites ?
HH : Pour les France Elites, forcément l’objectif sera de réaliser une bonne performance, je sais qu’il y a 2 critères majeurs pour Munich, à savoir les minimas + les France.
TRC : Ces championnats de France Élites seront en effet sans doute décisifs pour la sélection pour les Europe car on imagine que d’autres coureurs pourraient réaliser les minimas d’ici là. Est-ce que cela crée une certaine pression pour toi ou pas du tout ? Comment envisages-tu le reste de ta saison ?
HH : Pas forcément stressé, je vais aborder la course en essayant de ne pas me faire piéger et donner tout ce que j’ai, je me sens en forme donc après, à moi de le prouver. Pour le reste de la saison si je décroche ma qualif pour Munich je pense refaire un cycle plus light pour faire remonter la forme plus tard, le but ce n’est pas d’arriver cramé là bas !
Sur le plan chrono je ne me fixe pas de limite. Mon record date d’il y a presque 2 ans, donc mon but c’est déjà de le battre.
TRC : Après plusieurs années sans stage à l’étranger tu as pu préparer cette saison à Monte Gordo : est-ce que tu penses que ta réussite « part de là » ?
HH : Monte Gordo c’est sûr que ça joue, rien que pour l’émulation et le groupe ça fait un bien fou d’être tous là-bas. D’ailleurs j’ai remarqué (encore une fois en enlevant mes 2 premières années), qu’à chaque fois que j’ai fait un stage de pré saison j’ai battu mon record ensuite.
L’an dernier c’était un stage à la maison, c’était beaucoup moins drôle mais bon je pense que ça permet quand même de bien lancer la saison estivale !
TRC : Nous avons vu que tu courais avec des Maxfly, des pointes à l’origine destinées aux sprinters mais que quelques coureurs de 800 comme Clayton Murphy ou la championne Olympique Athing Mu ont adoptées. Peux-tu nous expliquer ce choix ?
HH : J’ai choisi les Maxfly par élimination. L’an dernier je courais en Victory mais j’ai trop peur de la fragilité de la plaque et je n’avais pas envie de me racheter une paire tous les mois donc c’était pas possible de continuer avec.
Les Ambition de chez Adidas sont vraiment confortables mais peut-être un peu trop « molles » pour moi qui suis habitué des chaussures rigides. Donc je me suis tourné vers les Maxfly et j’adore.
TRC : Tu es un vrai coureur de 4/8 mais pourtant cet hiver, à l’inverse de nombreux coureurs qui ont ton profil, tu as fait une saison de cross : tu t’entraînes donc plutôt comme un demi fondeur ou comme un sprinter ?
HH : L’hiver c’est un choix assumé depuis plusieurs années maintenant. Je décide de bosser le foncier, car j’en manque cruellement. Ça va beaucoup mieux maintenant et je me sens capable de faire des bonnes choses sur le long mais heureusement que je l’ai travaillé.
Et puis d’un point de vue mental, je ne pense pas forcément être capable d’enchaîner 2 saisons (hivernales / estivales) uniquement focus sur le 800 avec des grosses charges « lactiques ». L’hiver quand je viens en salle c’est pour me faire plaisir sans trop de séance, ça me permet de débrider un peu les jambes et de conserver un poil de qualité.
Et l’été forcément, je bascule sur un travail très axé qualité avec du sprint court / côtes et des séances spé, mais je dirais que l’hiver je m’entraîne comme un demi-fondeur et l’été comme un coureur de 8. Je n’ai pas de séance vraiment axée « spé 400 »
TRC : Peux-tu nous donner dans les grandes lignes une semaine type d’entraînement pour toi ?
HH : L’hiver une semaine type c’est 1 footing / 1 muscu / 2 VMA / 1 séance travail de pied / 1 fartlek / 1 ppg et 1 spé cross
L’été 1 ou 2 footing / 1 muscu / 1 vitesse court sur piste / 1 séance de côte « longue » type 200/300 / 2 spé piste
TRC : Comment organises-tu ta vie entre sport de haut niveau et ton métier de consultant en stratégie digitale ? Comment parviens-tu à associer les 2 ?
HH : J’avais jusque l’année dernière un contrat mi-temps en communication digitale et marketing, ça me permettait de m’entraîner en ayant pas mal de dispo et en 100% télétravail donc vraiment top.
Maintenant depuis quelques semaines je reprends un métier qui correspond à mes études de dev’ informatique donc je suis une formation de remise à niveau à 35h pour intégrer mon entreprise sur Lille juillet/aout si tout se passe bien.
Mon emploi du temps n’est donc plus aménagé mais l’entreprise me fait confiance et comprends les problématiques liées au sport de haut niveau donc c’est cool, je suis content d’avoir pu trouver une boite comme ça !
TRC : Merci beaucoup Hugo et bon courage pour la suite de ta saison !