Après les « Super Shoes », les « Hyper Shoes » continuent de révolutionner la course à pied
Les Super Shoes se sont démocratisées… Au point d’être devenues la norme
Voici maintenant près de 10 ans que le monde de la course à pied a été bouleversé par une nouvelle sorte de chaussures de course : les « Super Shoes ».
La première d’entre elles a été la célèbre Nike Vaporfly 4%, dévoilée en 2016 et popularisée en 2017 avec l’organisation de l’évènement « Breaking2 » où la marque américaine avait réuni 3 de ses meilleurs athlètes sur le circuit automobile de Monza pour réaliser un exploit qui paraissait impossible : courir un marathon en moins de 2h.
La barrière mythique n’était pas tombée lors de cette première édition du projet, mais Eliud Kipchoge s’en était approché plus près qu’aucun être humain avant lui (NDLR : le Kényan avait couru en 2h00 et 22 secondes) et avait au passage fait la meilleure promotion possible à Nike et à sa nouvelle chaussure révolutionnaire, la fameuse Vaporfly, la première chaussure de course de l’Histoire à combiner une association devenue depuis une norme : une semelle en mousse ultra-légère, couplée à une plaque en carbone.
L’ère des Super Shoes venait de commencer.
2 ans plus tard, en 2019, la marque remet le couvert à Vienne et cette fois Kipchoge, équipé d’une nouvelle chaussure encore plus futuriste, la Alphafly, réussit son pari fou en franchissant la ligne d’arrivée en 1h 59 minutes et 40 secondes. Un chrono historique, même si non officiel en raison des conditions de course trop avantageuses. Mais l’essentiel pour Nike était ailleurs, le monde entier de la course à pied n’avait plus d’yeux que pour ses chaussures, sa gamme Next%, au point que tous les athlètes en quête de records personnels ont voulu s’en procurer. Le succès était tel que même des coureurs sponsorisés par des marques concurrentes en ont acheté et les ont maquillées pour pouvoir les porter en compétition. À cette époque, quasiment tout l’avant des pelotons de chaque course sur route était équipé en Nike. La pluie de records était telle que plusieurs personnes ont parlé à l’époque de dopage technologique et ont même milité pour interdire ces chaussures en compétition, les comparant aux combinaisons en natation qui avaient elles aussi suscité la polémique dans les années 2000.
Mais il n’en fut rien. Les Nike Vaporfly ne furent pas interdites, les records homologués et peu à peu, les autres marques ont réussi à combler leur retard avec la marque américaine. 6 ans après l’exploit de Kipchoge à Vienne, quand Nike paraissait intouchable et dominait outrageusement le marché, la marque est même plus que challengée. Que ce soit ses rivaux de toujours comme adidas ou ASICS, des nouvelles marques comme ON ou Hoka ou des acteurs historiques du marché comme Puma, Brooks ou Saucony, toutes les marques ont aujourd’hui leur propre modèle de Super Shoe. Voire même deux ! La technologie « carbone » s’est tellement répandue que même des modèles destinés à l’entraînement en contienne aujourd’hui et que des coureurs amateurs en possèdent. Là où il y a encore quelques années ces chaussures semblaient réservées à une élite, elles se sont depuis largement démocratisées. Évidemment, cela n’a pas fait qu’entraîner une hausse des performances, une hausse des prix généralisée s’en est aussi suivie… Mais ça c’est un autre sujet et ça a d’ailleurs donné lieu à l’invention du comparateur The Running Collective.
Sauf que voilà, maintenant que toutes les marques proposent des Super Shoes et que la technologie s’est largement répandue sur le marché : peut-on toujours dire que ces chaussures sont « Super » ? Si toutes le sont, alors est-ce que l’une l’est vraiment ?
Personne n’appelle plus les voitures des « carrosses sans chevaux » maintenant que l’automobile a complètement remplacé les modes de transport équins. De même, il est difficile de trouver quelqu’un courant un marathon sans une « Super Shoe ». À ce stade, ne devrions-nous pas simplement les appeler « chaussures » ?
Alors que la recette des chaussures de course longue distance est restée largement la même, il est également intéressant de voir l’évolution et les limites naturelles de la formule. Sans surprise, les hauteurs de semelle ont rapidement augmenté pour atteindre la barre arbitraire de 40 mm fixée pour les chaussures de route conformes par World Athletics. La Nike 4% originale avait une hauteur de semelle avant/arrière de 21 mm/31 mm. L’Alphafly 2 est à 32 mm/40 mm.
Mais globalement, tous les modèles de « Super Shoes » se ressemblent et il est difficile de dire que l’un sort véritablement du lot comme ce pouvait être le cas au départ avec les Vaporfly. Or les marques ont besoin de continuer à innover pour vendre et si les « Super Shoes » deviennent has-been, ou du moins la norme, alors il faut qu’elles trouvent quelque chose de nouveau… Et certaines ont commencé à le faire. Après les Super Shoes, place aux « Hyper Shoes »
Les Hyper Shoes : plus légères, plus rebondissantes, plus élitistes… mais aussi plus fragiles et plus chères
Si Nike avait été la marque à l’origine des Super Shoes, c’est son rival de toujours adidas qui a été la première à lancer une « Hyper Shoe ». En 2023, la marque aux 3 bandes sortait la Adizero Adios Pro Evo 1, une paire absolument révolutionnaire de part son poids plume, moins de 140g, et sa technologie avancée, avec une nouvelle mousse, toujours plus légère elle aussi et rebondissante, mais aussi par son prix de vente : 500€, faisant d’elle, de loin, la chaussure la plus chère du marché. Vendue en très petites quantités, la Evo 1 fait un carton, bien aidée par la très bonne publicité réalisée par les athlètes de la marque, qui enchaînent les performances avec en tête l’Éthiopienne Tigist Assefa qui a explosé le record du monde du marathon de plus de deux minutes avec à Berlin. Une performance qui rappelle celle de Kipchoge quelques années plus tôt. On sent que quelque chose a encore changé et que cette paire est annonciatrice d’une nouvelle ère…
Alors, qu’est-ce que sont concrètement les « Hyper Shoes » ? Une version plus avancée des « Super Shoes » : plus rebondissantes, plus optimisées et surtout plus légères. La conception et la technologie des plaques sont ajustées, modifiées et ciblées pour équilibrer ressort et soutien. Chaque détail est pensé pour rendre la chaussure la plus performante possible le jour de la course… Mais cela a un prix. Facial d’abord : ces paires coûtent cher, c’est le moins qu’on puisse dire. adidas a fixé la norme avec la Adios Pro Evo 1 à 500€ et ses concurrents ont suivi le pas… Ensuite en termes de durabilité. Ces Hyper Shoes sont des chaussures pensées pour être ultra efficaces le temps d’une course, elles n’ont donc pas une durée de vie très élevée. 300km tout au plus. C’est ce pourquoi elles sont actuellement plutôt l’apanage des coureurs élites ou du moins dans une quête d’ultra performance. C’est d’ailleurs aussi la raison de leur rareté : elles sont produites en petites quantités d’une part parce que leur coût de production est un peu plus élevé mais aussi parce que la demande n’est pas encore assez importante.
Mais alors, à part la Evo 1, quelles sont les Hyper Shoes aujourd’hui disponibles sur le marché ?
Les différentes paires de running « Hyper Shoes » existantes aujourd’hui
Selon nous, il y a vraiment 4 modèles qui correspondent à cette description :
- La adidas Adios Pro Evo, qui vient de sortir dans une deuxième version. Cette paire représente un concentré de tout ce qui peut se faire de plus performant en matière de technologies running (mousse, carbone, mesh) : tout a été pensé pour optimiser la paire afin qu’elle puisse vraiment s’imposer comme étant la paire de chaussure la plus performante du monde. C’est chose faite puisque la version 1 du modèle à permis à Adidas d’obtenir pas moins de 7 records nationaux et 1 record olympique et cela, en l’espace d’un an et demi seulement. La version 2 optimise les caractéristiques qui avaient déjà fonctionné sur la 1, avec encore plus de mousse dans la semelle intermédiaire et une semelle extérieure présentant une meilleure adhérence.
- La ON Cloudboom Strike Lighstpray, un bijou de technologie réalisé par la marque suisse, qui a mis au point un robot capable de projeter un fil sur un moule de pied afin de tisser d’un seul trait toute la partie supérieure de la chaussure (la semelle est encore produite à part). La ON Cloudboom Strike version LightSpray ne pèse ainsi que 170g (dont seulement 30g pour l’empeigne) soit environ 30g de moins que la plupart des chaussures de compétition sur le marché. Très difficile à trouver dans le commerce, la paire est vendue au tarif de 330€ soit 50€ de plus que la version classique.
- La ASICS Metaspeed Ray, qui vient d’être révélée par la marque japonaise en mai 2025, bat elle tous les records : seulement 129 grammes sur la balance, encore plus légère que la Adios Pro Evo ! Cela a été permis par un nouveau Mesh et une nouvelle mousse, la « FF Leap ». Avec un tarif fixé à 300€, la paire est la « Hyper Shoe » la « moins chère » (on met bien les guillemets) actuellement présentée.
- La Kiprun KD900x Lab : cette chaussure a fait la une de l’actualité puisque c’est avec elle aux pieds que le Français Jimmy Gressier a réalisé le record d’Europe du 5km à Lille, devenant au passage le premier Européen en moins de 13 minutes sur la distance. Disponible pour le grand public en septembre 2025, cette paire se distingue comme les autres par sa légèreté extrême (167 grammes) et sa nouvelle mousse VFOAM PLUS ultra-réactive. Elle est aussi pricée à 300€, faisant d’elle la chaussure la plus chère jamais commercialisée par la marque de Décathlon.
Dans une moindre mesure, on pourrait aussi parler de la Saucony Endorphin Elite (196g) ou des Nike Vaporfly 4 (la plus légère de toute la franchise Vaporfly, 169g) et Alphafly 3 (196g), mais elles ne remplissent selon nous pas toutes les caractéristiques d’une Hyper Shoe, qui doit vraiment être très légère (moins de 170 grammes) et comporter une nouvelle forme de mousse (la Vaporfly 4 comprend toujours la mousse ZoomX, comme les versions précédentes).
Qu’attendre des Hyper Shoes ?
Selon nous, comme pour les Super Shoes, toutes les marques vont progressivement proposer leur propre version d’« Hyper Shoe », à savoir une évolution plus légère et encore plus optimisée de leurs modèles « performance » actuels. Est-ce que ces chaussures vont se démocratiser autant que les « Super Shoes » ont pu le faire ? Actuellement on en doute, car ces paires sont certes très performantes, mais aussi très exigeantes. Ceux qui ont pu essayer les Adios Pro Evo 1 par exemple peuvent en témoigner, il faut vraiment être capable de tenir longtemps sur des allures très soutenues pour vraiment tirer le meilleur profit de la paire. Sinon, c’est plutôt désagréable de courir avec, voire même carrément contre-productif.
À notre avis, ces paires vont être cantonnées à une « Élite » pendant encore quelques temps, mais vont par contre participer à démocratiser encore plus les « Super Shoes », qui ne seront plus vues comme le « très haut de gamme », mais simplement comme le « haut de gamme ». La Adios Pro 4 est en effet markettée comme étant la chaussure ultra performante « grand public » d’adidas, quand la Adios Pro Evo 2 est le nec + ultra.
L’arrivée de ces nouvelles chaussures va aussi continuer d’amplifier le phénomène d’inflation qui frappe le running depuis plusieurs années. Si les paires à 300€ commencent à se généraliser, celles à 250€ paraîtront plus abordables… Et cela continuera à tirer vers les prix vers le haut. Raison de plus pour ne pas louper les promos et utiliser le comparateur The Running Collective avant d’acheter vos paires !
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