Interview de Manon Trapp, championne de France de cross long 2022
Elle était annoncée comme la grande favorite de cette course, après une belle victoire à l’automne sur le circuit de Montauban. Amoureuse des labours, elle attendait donc ces championnats avec impatience pour y défendre son titre. Une deuxième fois, la jeune espoir d’Aix Les Bains a offert un superbe spectacle sur le parcours des Mureaux, avec une course parfaitement maîtrisée et une avance nette sur le reste de ses concurrentes.
Manon Trapp a accepté de répondre à nos questions sur son expérience dans ces championnats, son quotidien et ses objectifs pour la saison à venir.
TRC : Salut Manon, comment vas-tu ? Ça t’a fait quoi de remporter ton 2ème titre de championne de France de cross en 4 mois ?
Manon Trapp : Salut, ça va très bien ! Je suis hyper contente. Quand je suis devenue championne de France cet automne je me suis dit : “il faut absolument que je conserve mon titre en fait c’est pas possible autrement”. J’étais vraiment attachée à ce titre, le cross c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. C’est ma distance et discipline de prédilection, donc j’avais vraiment envie de conserver ce titre. C’est pour ça que je suis hyper contente car c’était loin d’être chose faite, ce n’était pas écrit, il fallait vraiment se battre pour ce titre.
TRC : Comment as-tu abordé cette course en tant que favorite désignée ?
MT : J’étais favorite et très attendue, du coup c’est quand même un peu intimidant, ça rajoute une pression supplémentaire parce que je sais que pleins de gens croient en moi et attendent que je refasse la même chose et forcément j’ai pas envie de les décevoir. J’avais envie de montrer qu’ils avaient raison de croire en moi. Du coup ça m’a rajouté un petit peu de pression mais en même temps c’était stimulant et puis il ne faut pas se laisser déborder ou se laisser bouffer par la pression. J’ai plutôt cherché à me nourrir de cette pression positive pour me dépasser. Mais bon c’est vrai que c’était assez intimidant de se rendre sur le site en car, et de voir ma tête affichée tous les kilomètres. Oui, ça faisait vraiment bizarre.
J’ai aussi pas mal porgressé depuis cet automne, donc je me sentais vraiment bien sur cette course et en forme
TRC : Pendant la course, comment tu t’es sentie ?
MT : Je me sentais très bien, très en forme et déterminée pour cette course. Franchement j’avais des bonnes sensations et je me sentais vraiment relâchée, pas dans le dur. Après je pense que j’ai aussi pas mal progressé depuis cet automne.
TRC : Quand as-tu su que tu allais l’emporter sur cette course ?
MT : Déjà au début quand j’ai vu Marie Bouchard qui prenait la tête et qui en envoyait déjà assez fort, je me suis dit que ça n’allait sans doute pas être si facile que ça. Donc j’ai attendu de voir comment ça se passait. Après quand j’ai commencé à creuser l’écart, que je suis partie devant et que je voyais qu’elle ne s’accrochait pas, que je prenais de plus en plus d’avance, je me suis dit que ça allait le faire que ça allait tenir car en vrai, j’en avais encore dans les jambes pour pouvoir placer une accélération si jamais elle revenait.
Réussir dans ce qu’on aime c’est quand même beau, donc tant que je courrai j’essaierai de défendre ce titre
TRC : Tu es seulement Espoir et déjà double championne de France, tu sembles partie pour dominer la discipline pendant un bon moment ! Qu’en penses-tu ?
MT : Si je suis partie pour dominer la discipline … bah ça comme je disais ce n’est pas écrit. On n’est pas à l’abri d’avoir comme tous les ans de nouvelles concurrentes etc… Chacun progresse à son rythme. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Il peut y avoir une fille qui progresse très vite et qui se spécialise très bien sur le cross qui arrive comme ça sans prévenir. On n’est jamais à l’abri et moi je peux aussi me retrouver moins en forme à ce moment-là donc on ne sait pas. Mais c’est sûr que je défendrai ce titre coûte que coûte car à chaque fois j’attends les saisons de cross avec impatience, c’est ce que j’adore. Et du coup réussir dans ce qu’on aime c’est quand même beau. Donc tant que je courrai j’essaierai de défendre ce titre.
TRC : À quoi ressemble une de tes semaines d’entraînement ?
MT : Dans la semaine d’entraînement on a 3 à 4 séances tous ensemble avec le groupe, avec en général une séance sur piste, une séance de VMA, un Fartlek et une séance de seuil. Mais pour la préparation cross on avait une séance de côtes et une séance de Fartlek, en plus de la VMA et de la piste pour les grosses semaines. Et bientôt on va attaquer la musculation. Et puis sinon entre chaque séance on a des footing à faire, dont un footing long et le reste c’est des petits footings.
On se pousse tous vers le haut et on est un groupe avec un peu tous les niveaux
TRC : Comment ça se passe à Aix les Bains avec la bande de plaisants que sont Quentin Arbonnier et Nico Gérard ?
MT : Avec le groupe ça se passe super bien, ils sont vraiment au top ! On s’entend tous très bien donc ça fait toujours plaisir de les retrouver à l’entraînement, de s’entraîner ensemble et d’en baver ensemble. On se pousse tous vers le haut et on est un groupe avec un peu tous les niveaux. Bon moi je m’entraîne avec les gars du coup et Nico (NDLR : Nicolas Gerard, RP à 3’48 au 1500) il est devant, pas de surprise ! Mais après il y a des gars avec qui je m’entraîne pas mal car on a le même niveau donc on se relaie, on se pousse et c’est top. On s’entraîne très bien et il y a une superbe ambiance, donc franchement rien à redire, c’est trop cool.
TRC : Quels sont tes objectifs pour cet été ? Les championnats du monde et d’Europe tu y penses ?
MT : Alors, je ferai du 5000m donc déjà j’aimerais bien être championne de France sur 5000. Et après il y a les championnats universitaires qui sont en Chine. Les minimas c’est moins de 15’50, je pense que c’est abordable vu que j’ai fait 15’52 l’année dernière. Et après il va falloir essayer de faire les minimas pour les championnats du monde d’Europe seniors, mais il faut faire moins de 15’25 donc c’est sûr que ça ce n’est pas gagné pour l’instant. Mais je vais m’entraîner tout l’été pour faire ces minimas et on verra si ça passe !