Taulé-Morlaix 2023 : le 10 kilomètres qui dérange
Ce dimanche 5 novembre 2023 s’élanceront à 13h50 du bourg de Taulé, petite ville du Nord-Finistère, près de 3000 coureurs, plus motivés que jamais à courir une des courses sur route les plus denses de France.
Dans l’Hexagone, rares sont les courses populaires à déchaîner autant de ferveur et de passion que ce 10km breton, connu (et critiqué !) pour son parcours favorable et propice aux chronos ultra-rapides…
Qualificatif pour les championnats de France, « le Taulé » comme l’appellent les habitués, a en effet ces dernières années été la cible de nombreux débats, principalement sur les réseaux sociaux. Entre moqueries gentilles envers ceux qui se gargarisaient d’y avoir largement amélioré leur record personnel, et vraie colère, de la part de certaines personnes jugeant qu’il ne devrait pas être un instrument de qualification, la course bénéficie aujourd’hui d’une célébrité qui s’étend au-delà des frontières bretonnes… Et c’est justement parce que cette course dérange, qu’elle attire l’attention.
À l’aune de la 51ème édition, pour laquelle son mythique et inimitable organisateur François Le Dissès (nommé en 2005 meilleur organisateur de France) a mis, une nouvelle fois, les petits plats dans les grands. Nous avons décidé de nous pencher plus en détails sur cette course, analysant son parcours, ses avantages mais aussi ses potentielles difficultés, parfois occultées par cette fameuse descente de 2km… que ses détracteurs surnomment « le toboggan ».
Un 10 kilomètres au parcours favorable
Pour éviter de nous exposer d’office aux foudres des réseaux sociaux, disons-le d’emblée : oui le parcours du 10 kilomètres de Taulé-Morlaix est favorable. Non, aucun record ne peut y être homologué. Oui, si vous le courez, vous aurez un petit (F)* à côté de votre chrono sur votre fiche FFA, comme un sprinter lorsqu’il court une course avec + de 2M/s de vent de dos.
En quoi ce parcours est-il roulant ?
« Après un départ au centre bourg de Taulé, au droit du complexe sportif, le circuit fait une boucle de 3 km dans l’agglomération, avant d’aborder un faux-plat descendant, puis montant. Au 4ème km se profile la descente de Lannuguy (2 km), pour terminer par un parcours entièrement plat de 4 km.
Parcours de ville à ville, particulièrement facile.«
« Particulièrement facile ». Ces mots, on les retrouve sur le site de l’organisation de la course, qui assume pleinement avoir créé un parcours favorisant le chrono. Avec la descente de 2km500, il présente forcément un dénivelé négatif important : le départ se situe à 90 mètres de dénivelé et l’arrivée à 5 mètres, avec entre les deux, pas de réelle difficulté (on y reviendra). Le calcul est rapide.
François Le Dissès, son organisateur, est lucide à ce sujet : « C’est un parcours favorable, je ne peux pas le nier. Les coureurs gagnent entre 30 et 40 secondes par rapport à un 10km plat, certains parlent d’une minute. Cela dépend ensuite de chacun et des faits de course, mais il est évident que les conditions sont a priori réunies pour courir vite« .
Avec l’arrivée depuis quelques années des chaussures à plaque carbone, les chronos sur cette « Classique » se sont encore améliorés.
*(F) = favorable
Des difficultés souvent oubliées
Néanmoins, le parcours a beau être favorable, il n’est pas non plus exempt de quelques difficultés, qu’on oublie souvent de mentionner tant le dénivelé négatif général accapare les attentions.
Les 3 premiers kilomètres, courus dans le bourg de Taulé sont plats, avec une bosse assez abrupte avant d’aborder le fameux faut-plat descendant.
Qui plus est, la course se tient systématiquement le premier week-end de novembre, en Bretagne… Pas forcément la date idéale pour bénéficier de conditions météorologiques favorables. Sur ce point en particulier, c’est la loterie ! Le temps peut être idéal avec un vent de dos favorisant encore plus la perf’, comme en 2021, comme exécrable, avec de la pluie et un fort vent de face dans les 4 derniers kilomètres comme en 2019.
Enfin, la descente elle-même n’est pas forcément évidente à gérer pour tout le monde. Si le parcours est aisé, il faut aussi l’appréhender. Comme le disait François Le Dissès dans les colonnes du Ouest-France « Contrairement aux préjugés, je ne suis pas certain à 100 % que le parcours favorise le coureur, du moins pas tous ! Gérer une descente, c’est parfois aussi difficile que courir sur du plat. On a tendance à se laisser aller et on se retrouve ensuite dans le rouge. Une descente, ça se travaille sur le plan articulaire et musculaire. »
Nous sommes habitués à la course et nous en avons vus plus d’un se brûler les ailes dans cette descente, passant sur des allures bien trop élevées en espérant gagner un maximum de secondes, et être à la peine ensuite sur les 4 derniers kilomètres, les quadris chargés, le souffle court. D’autant plus si le vent est de face à ce moment là !
Pour conclure sur ce sujet si débattu du parcours : oui il est favorable, mais attention néanmoins à ne pas trop le sous-estimer, au risque d’être trop ambitieux et de se faire piéger.
Un 10km qui ne devrait pas être qualificatif ?
C’est la grande question qui fait débat. Courir le 10km de Taulé-Morlaix permet aujourd’hui de réaliser le minima qualificatif pour les championnats de France (NDLR : 34’15 pour les hommes chez les Seniors et 43′ pour les femmes), alors même qu’aucun record ne peut y être homologué. Un paradoxe ?
Peut-être. Toujours est-il qu’il n’y a pas de nombre maximum de qualifiés pour les championnats sur route, qui se tiennent souvent en même temps qu’une course locale, qui sert alors de support. C’était d’ailleurs le cas de Taulé-Morlaix en 2006. En ce sens, aucun coureur n’est lésé, certains sont simplement « avantagés » (et parfois déçus quand ils ne parviennent pas à re réaliser leur chrono sur un autre parcours…)
Tant que les choses restent ainsi, a priori pas de problème donc. D’autres courses au parcours favorable sont d’ailleurs également qualificatives, ce n’est pas que le propre de Taulé-Morlaix. Et tout le monde peut s’inscrire… Après si vous voulez réaliser un record homologué, on vous conseille plutôt le 10km des Quais de Bordeaux le même week-end.
Comment bien courir ce 10 kilomètres ?
La stratégie pour tirer profit au maximum des particularités du parcours est empiriquement de ne pas se brûler les ailes trop vite et de ne pas surestimer le gain de la descente. Celle-ci doit plutôt servir de moment de « récupération », un endroit où dépenser moins d’énergie pour la même allure kilométrique pour ensuite être capable d’en remettre pour la fin du parcours. Arrivé en bas de la descente, il reste 4 kilomètres (plats voire faux plat montant par endroits), qui peuvent être très longs si on a été un peu trop gourmand en amont… Mais si on arrive là frais… Alors c’est jackpot.
NDLR : conseil si vous explosez votre record à l’arrivée, ne la ramenez pas trop sur les réseaux sociaux au risque de subir les foudres des apôtres du parcours plat.
#toutoupla
Les records du Taulé-Morlaix
Comme on pouvait s’y attendre, les chronos s’affolent souvent sur cette « Classique ». En 2006, ils étaient plus de 100 à être passés sous les 30′. L’année dernière, ils étaient même 4 sous les 29 minutes !
Le record de l’épreuve est quant à lui de 27’36 chez les hommes et de 31’51 chez les femmes. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces records ont été réalisés entre 2002 et 2004, soit bien avant l’arrivée des chaussures nouvelle génération à plaque carbone !
Toutes les infos sur le 10km de Taulé-Morlaix 2023
Vous pouvez retrouver toutes les infos sur la course sur le site officiel de Taulé-Morlaix 2023.
Le départ est prévu dimanche 5 novembre à 13h50.
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