Dernière née des chaussures « next gen » pour les courses sur route, la Metaspeed d’Asics, sortie cette semaine, a déjà beaucoup fait parler d’elle. La marque japonaise avait à coeur de sortir un modèle « plus costaud » que sa première chaussure « carbone », la Metaracer, et on peut d’ores et déjà dire que la Metaspeed est capable de rivaliser avec les meilleurs modèles du marché : Vaporfly, Adios Pro ou encore Endorphin Pro. Après Sara Hall qui avait « claqué » un gros chrono au marathon de Londres en octobre dernier (2:22:01, new PB) avec la version prototype de la Metaspeed, c’est cette semaine la britannique Beth Potter qui a amélioré, sans doute non officiellement (explications ici) le record du monde du 5KM avec la paire aux pieds (14’41). Tout semble indiquer que la chaussure qui sera portée par Julien Wanders en compétition fait partie des meilleurs modèles conçus à ce jour. Ce dernier a indiqué qu’il fallait d’ailleurs courir avec plusieurs fois pour bien apprivoiser la bête.
En termes de technologie, que retrouve-t-on ?
Sans surprise la recette qui fonctionne chez les chaussures « next gen » : une association mousse (NDLR : qui porte ici le nom de FF Blast Turbo) + plaque carbone (qui s’étale ici sur toute la longueur de la voûte plantaire) et une semelle incurvée favorisant une « bascule » de la foulée vers l’avant. Dès qu’on y met le pied on retrouve d’ailleurs cette sensation de propulsion ou de déséquilibre vers l’avant propre à ce type de chaussures. Le grip de la semelle paraît lui assez résistant et semble à première vue bien passer sur tous types de revêtements, un vrai plus comparé aux autres modèles, plus fragiles dès qu’on quitte le macadam.
À part ça la chaussure est vraiment très légère (199g) et le mesh (le tissu qui compose le chausson) est très fin. Malgré son aspect imposant, on n’a ainsi pas l’impression de courir avec des sabots. Il suffit de la prendre en main pour sentir sa légèreté.
À part ça, vous l’avez peut-être suivi, Asics a décidé de sortir 2 versions différentes pour cette Metaspeed : la SKY et la EDGE. La SKY, que nous avons testée, est destinée aux coureurs avec une foulée ample, qui agrandissent leur foulée quand ils mettent de la vitesse. Leur cadence (fréquence) de foulée augmente moins vite. La EDGE (que nous n’avons pas pu tester et qui, d’après nos informations, n’est pas encore disponible en Europe) est elle destinée aux coureurs avec une foulée « cadencée » : pour accélérer, ils augmentent un peu la longueur de leur foulée mais surtout leur fréquence (schéma ci-dessous). On note ainsi quelques différences entre les deux modèles : la semelle de la EDGE est moins incurvée, le drop est plus important (8mm contre 5mm sur la SKY) et la semelle intermédiaire est également un peu moins grosse.
Ce choix de la part d’Asics s’explique par des études réalisées en laboratoire qui ont démontré que les chaussures portées à ce jour par les athlètes les plus rapides du monde ne favorisaient qu’une seule catégorie de coureurs : les coureurs à grandes foulées.
POUR QUEL TYPE DE COURSE ?
La Metaspeed Sky est une chaussure de compétition, à adopter du 5KM au marathon. Quoique sur 5KM, on pourrait encore privilégier la Metaracer. Comme sur toutes les chaussures « carbone », nous conseillons de la conserver uniquement pour les courses et les séances importantes afin de préserver la plaque de l’usure et de ressentir encore plus ses bénéfices. Trop s’y habituer ne serait pas une bonne idée : il faut encore que le pied « travaille » si vous voulez performer !
Comparée à la concurrence… C’est la grande question. Entre la Vaporfly, la Adios Pro et cette Metaspeed il y a un match. Ce qu’on peut affirmer affirmer avec certitude, c’est que Nike ne domine plus de manière incontestable. Il sera par contre difficile pour nous de faire un classement entre ces les paires car toutes ont des avantages particuliers. En ce qui concerne la Metaspeed, sa rigidité plus importante par exemple peut mieux convenir à certains coureurs et déplaire à d’autres qui préféreront le côté « semelle coussin » de la Vaporfly.
On aura quand même tendance pour l’instant à donner un avantage à la Vaporfly, qui en est déjà sa version 2 et qui est très aboutie, mais cette Metaspeed peut vraiment venir truster les premières places.
Poids : 199g en 42.5
Drop : 8mm
Terrain : Route/Piste
Prix : à partir de 250€ via les distributeurs référencés sur The Running Collective
L’AVIS DU SEUILLARD
MON UTILISATION :
« Je l’ai utilisée sur un gros test 30 bornes ce week-end. C’était la première fois que je courais sur une distance aussi longue et c’était aussi la première fois que je portais la paire, hormis sur quelques lignes droites et une petite chauffe 2 jours avant. J’ai bien aimé et le test s’est vraiment bien passé, 3’28 de moyenne sur les 30k. Jusqu’à présent je courais en 4% (je suis fan de cette paire) et en Next. Côté chaussures j’ai un faible pour Nike j’avoue. Je suis plutôt ‘fragile’ des tendons et des mollets du coup j’aime bien le confort et l’amorti que les Nike apportent. Là cette Asics m’a surpris dans le bon sens. Je ne m’attendais pas à ce qu’on puisse se rapprocher à ce point des Vaporfly. Je garde une préférence pour ces dernières mais je ne renie pas pour autant la Metaspeed. C’est une très très bonne chaussure. Je la situe au niveau de la 4%, peut-être un peu au-dessus même en termes de retour d’énergie mais trop rigide à mon goût. Je la porterais pour du 10km, pour plus long je privilégie la Next. »
LES + :
– Sa légèreté, vraiment un gros plus. On ne la sent pas aux pieds au moment où on l’enfile c’est très plaisant.
– Son style : elle a vraiment un design sympa, qui a d’ailleurs beaucoup plu autour de moi.
– Son dynamisme : à 3.30 tu es sur des allures déjà « élevées » donc ça rebondit déjà un peu. Je pense que cela serait décuplé sur 5 voire sur 10k , avec des allures plus élevées. Elle renvoie bien.
– Bascule vers l’avant indéniable, on se sent « propulsé ». Comme sur une Next.
LES – :
– Les lacets et la languette. C’est peut-être un détail mais ces 2 éléments sont bien moins qualitatifs que tout le reste de la chaussure. C’est dommage. Les lacets ressemblent à des lacets « de base ». Je pense que ça peut être corrigé facilement sur une V2.
– Moins de confort que dans une Vaporfly : j’ai l’impression qu’il y a moins de mousse et que c’est peu renforcé au niveau du talon d’Achille. Comparé à une Next où tu as l’impression de mettre un chausson ça choque un peu mais après… Le confort n’est pas la première chose qu’on demande à une paire de compet’ ! Du moment que ça renvoie…
– La rigidité : peut-être le plus gros point noir pour moi qui suis assez fragile. La chaussure « tape » beaucoup, du coup les muscles prennent plus un choc. Encore une fois je suis peut-être trop habitué à courir sur des matelas (j’ai des Invincible pour mes footings) donc c’est peut-être exacerbé de mon côté. En tout cas j’ai senti plus senti l’impact des bornes là que d’habitude. Pour autant, ce n’est pas non plus insupportable. Et le dynamisme compense plutôt bien ce défaut. Il faut bien se dire que courir 30 bornes marque un organisme quoiqu’il arrive !
NOTE : 17/20
Fabien PRIGENT – athlète depuis 10 ans
