Nouvelles restrictions sur l’épaisseur des semelles des chaussures à pointes
Une nouvelle règlementation de World Athletics fixe l’épaisseur des semelles des chaussures à pointes à 20mm maximum, contre 25mm jusqu’à présent.
Cette règle ne concerne que les pointes, qui sont portées sur la piste, cela ne concerne pas les chaussures de course sur route, dont l’épaisseur maximum de semelle est fixée à 40mm.
Pourquoi cette règle ?
Le but de cette règlementation est de contenir les avancées technologiques et de préserver la crédibilité du sport (NDLR : face aux nombreux records qui ont été battus depuis l’arrivée de ces nouvelles technologies).
La fédération internationale a décidé qu’à partir du 1er novembre 2024, l’épaisseur des semelles des chaussures portées par les compétiteurs lors de toutes les épreuves d’athlétisme ne devra pas dépasser 20 millimètres. Cela affectera-t-il les performances et les temps des athlètes ?
Ça concerne qui ?
Pour les courses sur piste de 800 mètres et plus, les athlètes pouvaient porter jusqu’à présent porter des chaussures avec des semelles d’une épaisseur maximale de 25 mm. Pour les courses de moins de 800 mètres, la hauteur maximale de la semelle était déjà de 20 mm. Pour les épreuves de saut, la limite est de 20 mm, mais pour le triple saut, une épaisseur de semelle allant jusqu’à 25 mm est autorisée. Cette règle est en vigueur depuis le 1er janvier 2022. Avant cela, la hauteur maximale autorisée pour les pointes de piste était de 30 mm.
À partir du 1er novembre 2024, l’épaisseur maximale des semelles, quelle que soit la distance de la course, sera de 20 mm, valable aussi pour les épreuves de saut. Cela signifie que les chaussures portées par les triple-sauteurs auront leur épaisseur de semelle réduite de 5 mm. Pour les épreuves sur route, comme le marathon et la marche, l’épaisseur de semelle autorisée reste à 40 mm comme avant.
Les modèles de chaussures à pointes concernés par la règlmentation
Alors heureusement on va rassurer une bonne majorité des coureurs, les chaussures des marques Nike, adidas et PUMA ne sont pas concernées : toutes ces pointes respectaient déjà la nouvelle réglementation. Si vous avez des Nike Dragonfly par exemple soyez tranquilles vous pourrez toujours courir avec.
Par contre, certains modèles de pointes ON, ASICS, Hoka et New Balance vont désormais être interdits. C’est le cas notamment des ON Cloudspike Citius et Amplius qui sont sorties l’été dernier, des Metaspeed LD, Hoka Cielo X ou encore des New Balance LD-X… Dommage parce que pas mal de ces modèles étaient vraiment bien.
Pourquoi la limite de 20 mm est-elle imposée ?
World Athletics cherche depuis longtemps à trouver un juste milieu entre les avancées technologiques en matière de chaussures et l’avantage injuste que certains athlètes pourraient obtenir. Un Groupe de Travail sur les Chaussures d’Athlétisme a été mis en place en 2020 pour proposer des règles visant à encadrer ces avancées – l’épaisseur des semelles, les matériaux utilisés comme les plaques en fibre de carbone.
En décembre 2021, le Groupe de Travail a annoncé qu’à partir du 1er novembre 2024, l’épaisseur des semelles des chaussures de piste deviendrait uniforme, quel que soit l’événement. Ce changement de règle a été annoncé bien à l’avance pour donner aux fabricants de chaussures le temps de procéder aux ajustements nécessaires.
Pourquoi cette modification et pourquoi certaines marques ne s’y sont pas pliées plus tôt, car cette règlementation avait été annoncée en 2022 ? Et bien tout simplement parce qu’une chaussure avec une semelle plus épaisse permettait de mettre plus de mousse et on sait aujourd’hui que ce sont les nouvelles mousses à base de PEBA qui rendent les chaussures plus performantes, avec un meilleur amorti et surtout retour d’énergie. Et si certaines marques ne l’ont pas fait plus tôt c’est parce qu’ils voulaient avoir des modèles ultra performants pour les Jeux Olympiques de Paris.
Que pensent les meilleurs athlètes de cette nouvelle restriction ?
Joshua Cheptegei, champion olympique et mondial du 10 000 mètres, estime que cette modification est « pour le bien du sport », mais il ajoute que les nouvelles chaussures permettent aux athlètes de récupérer plus rapidement entre les séances d’entraînement.
« Si certaines choses sont disponibles pour certains et pas pour d’autres, c’est mauvais. De nombreuses marques de chaussures, pas seulement Nike mais aussi Adidas et d’autres, se sont impliquées et ces nouvelles chaussures offrent plus de temps de récupération aux athlètes », a déclaré Cheptegei au Indian Express lors du Vedanta Delhi Half Marathon.
L’athlète ougandais de 28 ans a également déclaré qu’il ne pensait pas qu’une semelle plus fine se traduirait par des temps plus lents sur piste. « C’est une question de mentalité des athlètes. Si vous croyez que vous pouvez battre un record, cela peut se réaliser. Mais si vous pensez que parce que l’épaisseur de la semelle va être réduite, vous ne pouvez pas courir, alors cela ne se réalisera pas », a expliqué Cheptegei.
Muktar Edris, d’Éthiopie, ancien double champion du monde du 5 000 m, a déclaré que la hauteur de la semelle des dernières chaussures donnait aux athlètes plus d’« énergie » et de « poussée ».
Une règle controversée ?
Jusqu’en janvier 2022, l’épaisseur des pointes de piste pouvait atteindre 30 mm. Juste avant les Jeux Olympiques de Tokyo, la légende Usain Bolt avait déclaré que les progrès dans la technologie des chaussures mettaient en péril les records. « Je n’arrivais pas à croire que c’est ce à quoi nous en sommes arrivés… qu’on ajuste vraiment les pointes à un niveau qui donne maintenant un avantage aux athlètes pour courir encore plus vite », avait déclaré Bolt à Reuters. Après avoir remporté l’or du 400 mètres haies en un temps record mondial de 45.94 secondes à Tokyo, Karsten Warholm, qui portait des chaussures Puma, avait critiqué les chaussures Nike portées par Rai Benjamin, arrivé en deuxième place. Warholm avait affirmé que les chaussures qu’il portait étaient bien plus fines que celles de Benjamin. « Pour les courses de demi-fond, je peux comprendre, c’est à cause de l’amorti. Si vous voulez de l’amorti, vous pouvez mettre un matelas. Mais si vous mettez un trampoline, cela enlève de la crédibilité à notre sport », avait-il déclaré.
Pourquoi les avancées dans la technologie des chaussures sont-elles controversées ? Quand le Kényan Eliud Kipchoge, médaillé d’or des Jeux Olympiques de Rio, a franchi la barrière des deux heures en marathon à Vienne en 2019, l’épaisseur de la semelle des chaussures Nike qu’il portait a suscité la controverse, bien que son temps ne soit pas entré dans les livres des records puisqu’il ne s’agissait pas d’une course ouverte et qu’il utilisait des meneurs de rythme tournants.
Depuis, World Athletics a décidé qu’à partir du 30 avril 2020, les entreprises de chaussures ne pouvaient plus développer de chaussures de pointe sur mesure uniquement pour les athlètes internationaux d’élite sans les avoir d’abord mises sur le marché de la vente au détail où tout le monde peut les acheter. Une nouvelle chaussure doit être disponible sur le marché pendant quatre mois avant de pouvoir être utilisée en compétition.
Les règles précisent également que l’épaisseur maximale pour les chaussures de route doit être de 40 millimètres, ce qui reste inchangé.
Le New York Times a rapporté que le temps moyen des vainqueurs lors des grands marathons (Boston, Tokyo, Londres, Berlin, Chicago, New York) en 2023 — comparé à la moyenne de 2013-2016 — était bien plus rapide. Quatre minutes et demie pour les femmes et trois minutes et demie pour les hommes. Pour rappel, les premières « super-chaussures » ont été introduites en 2017.
Cette règlementation sera-t-elle appliquée ?
Dans les faits, cette règle devrait surtout concerner les athlètes élites. Pas sûr que sur des compétitions régionales les juges s’amusent à aller vérifier quelles pointes portent les coureurs… Mais au moins vous avez l’info ! Et ça signifie la sortie de nouveaux modèles prochainement, on vous tient au courant sur The Running Collective.