Depuis leur lancement, les chaussures de running Nike Vaporfly sont devenues emblématiques dans l’univers de la course à pied de haut niveau. Toutefois, avec la sortie des Vaporfly 3, une question persiste : pourquoi les athlètes élites sponsorisés par Nike préfèrent-ils courir avec des modèles antérieurs, comme les Vaporfly 2, ou même d’autres chaussures de running Nike telles que l’Alphafly ? Nous allons explorer en profondeur les raisons derrière cette réticence et ce que cela signifie pour les coureurs amateurs et professionnels. En résumé : les Vaporfly Next% 3 sont-elles « ratées » ou sont-elles en fait plus adaptées à un autre type de coureur que les athlètes « Élites » ?
Retour sur le succès des premières versions des Nike Vaporfly Next%
Les Nike Vaporfly ont marqué une véritable révolution dès leur sortie, notamment grâce à l’introduction de nouvelles technologies dans les chaussures de compétition. Avec la Nike Vaporfly Next%, les athlètes ont découvert une mousse ZoomX ultra-légère et dynamique, couplée à une plaque en fibre de carbone qui offrait un retour d’énergie exceptionnel. Ce combo a permis à de nombreux coureurs de battre leurs records personnels, au point que même des athlètes sponsorisés par d’autres marques ont à l’époque choisi de maquiller leurs chaussures pour profiter des avantages technologiques et notamment du meilleur retour d’énergie promis par les Vaporfly Next %.
La performance des Vaporfly 1 et 2 sur des distances comme le marathon et les 10 km a ainsi rapidement placé ces chaussures en tête de liste des paires de chaussures de running préférées des athlètes de haut niveau.
Ces versions ont même été tellement efficaces qu’elles ont marqué l’entrée de la course à pied dans une nouvelle ère technologique. Elles ont également influencé le développement d’autres chaussures de running, non seulement chez Nike, mais aussi chez ses concurrents, tels qu’Adidas, Asics, ou encore On, Hoka, Puma et Saucony, qui ont lancé des modèles dotés de mousses réactives et de plaques en carbone pour rivaliser avec les Vaporfly.
Pendant un temps, Nike a conservé un avantage comparatif, mais depuis quelques années maintenant, on observe un phénomène de « rattrapage technologique » : toutes les marques ont globalement compris le « secret » derrière les chaussures « next gen » , à savoir concevoir une semelle intermédiaire composée d’une mousse d’une grande légèreté (la plupart du temps fabriquée à partir d’un matériau nommé PEBA) et l’associer à une plaque en carbone, la plupart du temps du temps d’une forme convexe, pour booster l’effet « rebond » à chaque foulée et donc in fine l’économie de course.
Ainsi quand la Vaporfly Next% 3 est sortie en 2023, tous les concurrents de la marque américaine avaient déjà rattrapé leur retard et en particulier ses principaux rivaux, Adidas et Asics.
Pourquoi la Nike Vaporfly Next% 3 est-elle boudée par les élites ?
Avec l’introduction des Nike Vaporfly 3, de nombreux athlètes s’attendaient à une amélioration encore plus significative. Encore plus de légèreté, une nouvelle semelle intermédiaire, un dynamisme accru… Bref tout le monde s’attendait à ce que Nike renforce les points forts du modèle, déjà adoré de tous, en corrigeant ses quelques menus défauts (notamment un certain manque de stabilité et une adhérence parfois moyenne sur route humide). Cependant, la réception a été plus mitigée, surtout parmi les coureurs d’élite sponsorisés par Nike. L’un des premiers à exprimer publiquement ses réserves fut le Français Jimmy Gressier. Dès sa sortie, Gressier a clairement indiqué qu’il préférait les Vaporfly 2 pour ses compétitions sur 10 km. Ce n’est pas anodin lorsqu’un athlète de ce calibre, continue de privilégier un ancien modèle alors qu’une nouvelle version est disponible. Le Français a d’ailleurs battu le record d’Europe de la distance en mars 2024 avec une paire de Vaporfly 2 aux pieds, alors même que la V3 était sortie depuis plus d’un an.
Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres grands noms du running, comme Joshua Cheptegei, recordman du monde du 10 000 mètres, ont également été aperçus portant des Vaporfly 2 lors de compétitions majeures, alors même que la Vaporfly 3 avait été commercialisée. L’Ougandais a même récemment été aperçu en train de courir en compétition avec un modèle de Vaporfly 2 jamais commercialisé, avec un coloris calqué sur le coloris Nike « Electric » des Jeux Olympiques 2024. Preuve que la marque au Soowsh continue de produire cet ancien modèle à la demande de ses meilleurs athlètes.
Ce manque d’adoption par les athlètes professionnels, souvent les premiers à essayer et à promouvoir les nouveaux modèles, pose la question : qu’est-ce qui cloche avec la Vaporfly 3 ?
Ci-dessus : Jimmy Gressier et Joshua Cheptegei, deux coureurs parmi les nombreux athlètes Nike à avoir choisi de continuer à courir avec les Vaporfly Next%2, en particulier sur les courses de 5-10km.
Les critiques principales des athlètes sur la Nike Vaporfly Next% 3
L’un des principaux reproches adressés à la Vaporfly 3 concerne son manque de dynamisme par rapport aux versions précédentes. Pour ce qui reste inchangé : le drop, toujours de 8mm, et l’idée générale de la chaussure, à savoir une semelle intermédiaire en mousse ZoomX couplée à une plaque en carbone. Mais toutes deux ont été repensées par rapport à la V1 et la V2.
Nike a en effet apporté des modifications significatives à la conception de la chaussure, en mettant davantage l’accent sur la stabilité (avec une nouvelle forme de la chaussure, notamment au niveau du talon) et le confort, en particulier pour les longues distances comme le semi-marathon et le marathon, ou à l’entraînement sur des séances de seuil par exemple. La nouvelle mousse ZoomX est plus souple et l’amorti plus doux, ce qui rend la chaussure plus agréable pour de nombreux coureurs. Cependant, cet amorti supplémentaire a rendu la chaussure moins réactive, et donc moins performante sur les distances plus courtes, comme le 5 km et le 10 km. On a moins cette sensation de vitesse procurée par l’effet de bascule dû à la forme en « bâteau » des deux premiers modèles.
Pour les athlètes élites, la réactivité est un facteur crucial de performance. Les premières versions des Vaporfly, avec leur retour d’énergie explosif, permettaient une propulsion rapide, notamment sur des distances courtes. Les chaussures de compétition de haut niveau sont souvent conçues pour maximiser le transfert d’énergie à chaque foulée, et la Vaporfly 3 semble avoir sacrifié cette qualité pour offrir une expérience plus confortable sur les longues distances.
La Vaporfly 3 : un modèle plus adapté au grand public
Malgré les critiques des élites, il est important de noter que la Vaporfly 3 n’est pas un mauvais modèle. En réalité, elle convient sans doute mieux à une majorité de coureurs. Les versions précédentes, bien que révolutionnaires, étaient assez exigeantes en termes de vitesse. Pour tirer pleinement parti des Vaporfly 1 et Vaporfly 2, les coureurs devaient souvent être capables de courir le marathon en moins de 3 heures ou le 10 km en moins de 38-39 minutes (NDLR : environ). Autant dire que cela limitait l’utilisation de ces chaussures à une minorité de coureurs d’élite ou très performants.
En revanche, avec la Vaporfly 3, Nike a fait le choix d’élargir son public cible. En rendant la chaussure plus accessible et moins exigeante, avec un nouveau design de la semelle, qui diminue drastiquement cette sensation de « bascule vers l’avant » propre aux premières versions, la marque permet à des coureurs « amateurs » d’en tirer des bénéfices. L’amorti plus généreux et la souplesse accrue en font une chaussure plus agréable pour les longues sorties, et moins fatigante pour les coureurs qui n’ont pas une foulée aussi efficace que les élites. Cela se reflète dans les ventes : bien que moins populaire auprès des athlètes de haut niveau, la Vaporfly 3 a tout de même conquis un large public de coureurs amateurs, cherchant à améliorer leurs performances, du 5km au marathon en passant par le semi-marathon, sans être des coureurs de haut niveau. Et l’idée de Nike derrière tout ça est finalement assez logique : vendre plus de paires. Au détriment de ses meilleurs coureurs ? C’est la question. Et il est assez probable que la marque rebrousse un peu chemin avec la Vaporfly 4…
Conclusion : la Vaporfly 3, une chaussure pour le grand public, mais pas pour l’élite
En conclusion, bien que la Nike Vaporfly 3 soit une excellente chaussure pour de nombreux coureurs, elle ne répond pas aux attentes des athlètes d’élite en matière de performance pure. Avec sa nouvelle géométrie et son amorti plus souple, elle est idéale pour les semi-marathons et marathons, mais moins adaptée aux courses rapides et aux distances plus courtes. Pour ces raisons, les élites lui préfèrent encore les modèles précédents, comme la Vaporfly 2 ou d’autres chaussures Nike de la gamme Next% comme l’Alphafly (cette paire est la grande soeur des Vaporfly, destinée aux plus longues distances, en particulier le marathon).
La bonne nouvelle pour les fans de la gamme Nike Vaporfly Next est que Nike travaille déjà sur une nouvelle version de la paire, la Vaporfly 4, qui pourrait potentiellement rétablir l’équilibre entre confort et dynamisme. Les premiers retours suggèrent que cette nouvelle version pourrait sortir dans les prochains mois, avec l’objectif de réconcilier les exigences des coureurs d’élite avec celles des amateurs. Affaire à suivre ! Quoiqu’il arrive on vous tiendra évidemment au courant sur The Running Collective. Et en attendant vous pouvez retrouver toute la gamme Next% au meilleur prix sur notre comparateur.