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RENCONTRE AVEC DJILALI BEDRANI – “Rien n’est facile aujourd’hui et tout est possible en même temps”

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Au lendemain de sa finale sur 3000m steeple aux Championnats d’Europe à Munich, Djilali Bedrani a accepté de nous recevoir avec Top4running sur le stand éphémère de son nouveau sponsor, Asics, au cœur de la célèbre tour BMW.

Depuis sa cinquième place sur 3000m steeple à Doha en 2019 lors des championnats du monde, Djilali garde en lui un goût d’inachevé. Dès sa première sélection en équipe de France en 2010, il ne rêve que d’une seule chose : décrocher une médaille internationale.

TRC : Djilali, merci de nous recevoir ici, à Munich, au lendemain de ta finale Europénne sur 3000m Steeple. Est-ce que tu peux nous dire ce que tu étais venu chercher aux championnats d’Europe et ce que tu retiens de ces championnats ?

Djilali Bedrani : Merci à vous. Alors, c’est vrai que quand on s’aligne sur une course, c’est pour gagner. Moi je ne vous cache pas que j’étais venu pour gagner la course. Mais, il y a eu des faits de saison qui ont fait que je n’étais pas au top de ma forme. J’ai eu une blessure au genou donc c’était compliqué de pouvoir envisager le titre sachant que j’étais à moitié blessé. Et puis, la préparation a été perturbé. Mais j’en tire toujours de l’expérience. Huitième, c’est finaliste, il faut pas cracher dans la soupe. C’est une finale Européenne, donc je prends avec mon état actuel. Mais j’ai un petit peu de regrets parce que je sais que j’avais le potentiel de gagner la course sur une saison “normale”. Mais j’essaye d’avancer, j’ai eu pas mal d’échecs, un de plus c’est pas ça qui va me perturber pour la suite. Ça me construit tous les jours, je suis toujours en apprentissage. Mais j’espère que ça passera un jour.

TRC : Tu as quand même un record en 8’05 sur la distance. Cette saison, tu as peu couru. Est-ce que tu penses que c’est aussi le fait d’avoir manqué de compétition, de rythme de course et de moments clés pour préparer une échéance comme celle-ci ?

DB : C’est exactement ça, quand on arrive sur de grands championnats comme les championnats d’Europe, il faut arriver avec un état physique. Je pense que c’est le plus important, être à 100% de ses moyens. Moi je ne l’étais pas sur la finale d’hier. Psychologiquement j’étais complètement dedans, j’ai essayé d’être acteur de la course. Mais voilà, il y a pas de fumée sans feu, si on n’est pas à 100% de nos moyens on peut pas aller titiller les mecs devant. Je pense que c’est ce qui m’a manqué hier sur la finale : avoir un peu de rythme et de la confiance aussi.

TRC : Tu n’as pas été sélectionné pour les Mondiaux de Eugene. C’était une déception pour toi ?
Tu as pu rebondir pour ces championnats d’Europe ?

DB : C’était une déception, oui. Comme je le disais, j’étais blessé et on ne contrôle pas forcément tout ce qui peut se passer. Mais oui j’étais vraiment déçu de ne pas être sélectionné parce que c’est un championnat du monde et je pense qu’à deux ans des Jeux c’est là ou on va acquérir le plus d’expérience pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et les championnats du monde à Budapest. C’est quand même une déception : cette saison c’est pas la meilleure, mais comme je l’ai dis dans une carrière il faut bien des blessures, ça fait partie du jeu on va dire, donc j’accepte et je suis déjà motivé pour repartir l’année prochaine de plus belle.

TRC : Cette année tu as 29 ans. Tu viens de faire partie de l’équipe de France pour la 20ème fois. Quel recule tu as par rapport à la carrière que tu as déjà accomplie et par rapport aux années qui arrivent, les JO de Paris 2024 ?

DB : Par rapport à la carrière que j’ai déjà accomplie, j’ai beaucoup de places de finaliste, c’est le niveau que j’ai pour l’instant. Je ne suis pas satisfait à 100%, je garde toujours l’espoir de pouvoir faire une médaille à un grand championnat, je pense que c’est faisable. Maintenant voilà, il faut être à 100% de ses moyens physiques et psychologiques, donc je lâcherai pas le morceau tant que j’ai pas ce que je veux et puis là il y a les meilleures années qui arrivent. Donc pour Paris 2024… ma carrière serait belle si j’ai vraiment un aboutissement et je serai content de le faire à Paris, voire même à Budapest pour les championnats du monde. Si j’ai la forme de Doha, pourquoi pas tenter un podium ? Pour le moment je vais couper un peu pour reprendre de l’énergie physiquement et psychologiquement, je pense que j’en ai besoin pour repartir sur un feuille blanche et réécrire l’histoire.

TRC : Le prochain gros objectif pour toi c’est les championnats du monde à Budapest ?

DB : Exactement ouais, c’est ce que je me fixe comme gros objectif. J’ai vu les minimas, ils ont été fixés à 8min15 sur 3000m steeple, j’ai déjà fait 8min05, j’ai un bon record, donc c’est largement faisable. Maintenant avec une préparation optimale et en faisant attention à tous les détails, je pense que ça peut le faire.

TRC : Tu es plutôt spécialisé 1500m, 3000m, 3000m steeple, tu as quand même un record en 1h02 au semi : est-ce que dans les prochaines années, si tu réalises tes objectifs sur la piste, tu penses à évoluer sur des distances plus longues ?

DB : Tout à fait. Je pense que je suis un coureur de demi-fond/fond. J’ai fait 1h02 au semi sachant que j’avais déjà mon problème au genou, on va dire que j’ai fait 1h02 sur une jambe. J’avais pas forcément de force dans la jambe gauche donc ça laisse présager de bonnes choses dans l’avenir. Mais le demi-fond c’est un sport très dur, il faut prouver tout le temps, il faut s’entraîner tous les jours dur. Les blessures ça fait partie du chemin, mais plus tard sur la route je pense que je pourrai faire de bonnes choses. Donc après 2024, je pense que je mettrai sur marathon, si j’accomplis mes objectifs. Si j’ai pas accompli mes objectifs, je continuerai sur la piste. Je lâcherai pas l’affaire tant que j’ai pas ce que je veux.

TRC : Tu nous as dis que tu allais être en coupure après les championnats pour te remettre de cette longue saison. C’est quoi tes prochains objectifs, du moins en termes de compétition de préparation ?

DB : Pour la prochaine saison, je pense que je vais faire un peu de cross pour retravailler le mental et refaire des bornes. Donc je pense faire quelques cross cet hiver et un 10km à Valence en janvier pour refaire de la route. J’ai fait 27’50 sur 10km donc essayer de battre ou de me rapprocher de ce record-là. Et après repréparer directement les championnats du monde à Budapest. Peut-être pas faire de salle cette année, je vais voir avec mon entraîneur mais avoir une stratégie un peu plus ciblée. Mieux cibler les compétitions pour être prêt dans les grands moments.

TRC : Tu as récemment changé d’équipementier, tu es passé chez ASICS. Comment tu as réussis à t’adapter à des produits différents et des technologies différentes ?

DB : C’est toujours en cours on va dire. Je pense que je suis pas encore totalement adapté parce que quand tu passes d’une marque à une autre, c’est d’autres chaussures, d’autres pointes, il faut du temps pour trouver sa bonne chaussure. Ça met du temps, moi je laisse le temps de faire les choses comme il faut. Je sais qu’Asics ont des produits vraiment top dans le running, que ce soit sur la piste et sur la route et je pense que c’est une marque qui progresse et j’essaye de progresser en même temps. Mais en tout cas je suis content de faire partie de la Asics Family, il y a une bonne cohésion, un bon soutien. Je sais qu’Asics dispose d’un centre d’entraînement au Kenya, donc je vais pouvoir y aller pour m’entrainer avec les mecs de la team. Et puis j’ai beaucoup de potes Kenyans qui sont passés chez Asics avant moi donc je savais déjà qu’au niveau des produits ils avaient fait de gros progrès, et là je pense qu’ils ont encore passé un cap et qu’ils vont en repasser un autre dans les années à venir. Donc moi je fais confiance aux produits.

TRC : Pour terminer, si t’avais un mot à nous dire par rapport à Paris 2024, ce serait quoi ?

DB : C’est magique. Quand on sait que les Jeux c’est à Paris, c’est un truc de fou. Tu vois, j’ai des frissons quand je t’en parle. Ça va être notre moment. J’y crois tous les jours, j’y pense tous les jours. Je crois en mon destin, alors pourquoi pas là-bas ? Ça va pas être facile, mais je pense que rien n’est facile aujourd’hui et tout est possible en même temps. Donc j’y crois et j’aurai l’expérience. J’ai déjà fais pas mal de championnats avec des places de finaliste, comme hier, et mine de rien c’est des choses qu’il faut pas louper, même avec une petite blessure, à deux ans des Jeux il faut y aller. Je pense que je peux reproduire ce que j’ai fait à Doha, voire mieux, alors si c’est à Paris c’est d’autant plus beau.

TRC : Merci beaucoup Djilali, bonne coupure et on te revoit sur la route et les cross.

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